(✢) funny how I blind myself / r

❝ funny how I blind myself I never knew
If I was sometimes played upon, afraid to lose❞

CREDIT/ LYRICS BY NO DOUBTS - IMAGE BY MYBLUECARDIGAN .

Son esprit n’était plus le même. Cette sensation légère et surtout légèrement dérangeante lorsque l’on ne se contrôle plus, l’avait envahie. Daphne était mal en point. Elle s’était pointée ici depuis dix-neuf heure et n’en était pas ressortie. Les aller-retours de la fumeuse s’accéléraient au fur et à mesure que ses verres s’enchainaient. Elle n’avait plus aucune notion de l’effet de la boisson. Malgré le fait qu’elle endurait ce calvaire depuis deux ans, elle n’arrivait toujours pas à oublier et se contrôler. Et les cuites de ce genre-là était justifiée par l’envie d’oublier, de décompresser. Au quotidien s’était plus dur à encaisser qu’elle ne l’aurait imaginer. Lorsqu’elle découvrit tout ceci, elle ne savait pas jusqu’où ça allait, et chaque jour, elle se découvrait un peu plus. Au milieu de la salle, la paille à la bouche, elle dansait. Le type avec qui elle était venue l’observait du regard, mais lui aussi avait un peu abusé sur l’alcool. Ils échangeaient des regards complices qui débordaient d’envies diverses. “Ramène ton p’tit cul va” La vulgarité qui sortait de sa bouche était rarement occasionnelle, en fait il était souvent rare de la voir courtoise. Le jeune homme s’avança vers elle et ils se mirent à danser. Lorsqu’elle aspirait sur sa paille, elle ne sentait plus le liquide s’écouler dans sa bouche ou dans sa gorge, elle ressentait comme un gaz qui s’introduisait doucement. C’était l’alcool qui faisait ça, lorsqu’elle boit de l’eau, Daphne ne la sent même pas. Elle n’est jamais déshydratée, assoiffée. Cependant elle refuse d’y mettre un pied. Sa frayeur de l’eau est due à un hoc encore trop brutal et récent dans sa tête.
Morelia, la cousine de Daphne l’avait enfin rejoint, elle s’étaient données rendez-vous ici ce soir, afin de célébrer un peu de telles retrouvailles. Elles avaient eu l’occasion de se voir depuis le retour de Morelia mais Daphne voulait terriblement festoyer avec elle, s’amuser un bon coup afin d’oublier tous les problèmes du monde, penser qu’à sa gueule, attraper un rhume et un cancer du poumon, et boire. “TE VOILÀ TOI! Viens là, dans mes bras” Elle s’enlacèrent chaleureusement, Daphne débordait d’affection pour sa cousine et ces soirs-là, elle était hautement expressive. Les lumières du bar était d’un ton chaud, quelques lampions étaient visibles dans la pénombre et éclairait à peine, seul le bar était doté d’une bonne visibilité. Ainsi, tous les habitants de Sailbrooks présents ce soir étaient maintenant des étrangers. C’était chacun pour soi, chacun son plaisir. Vers trois heures du matin, Daphne s’était déchaussée et était montée sur le bar. S’en était trop. Le barman lui demanda de descendre, cela venait les commandes et elle était trop ivre pour faire l’animation amusante de la soirée. Daphne fut vexée, mais le reste alla en decrescendo. L’alcool qu’elle avait ingurgité était à présent trop lourd à supporter, elle n’arrivait plus à comprendre tout ce qu’il se passait autour d’elle. Elle attrapa le poignet de sa cousine et l’extirpa dehors. Un jeune homme lui proposa de lui payer un verre, il était galant et pas trop insistant, le genre d’invitation que l’on accepte. “Non mais ça va pas hein, t’façon… boire? J’en ai rien à foutre de boire moi, ça me sert à rien de boire.” Elle s’assit sur les fauteuils en osiers et avachit elle déclara: “Cette merde me rendra folle, plus folle que maintenant surement. Qu’est-ce qui m’arrive?” Dit elle en se chiffonnant la tête, parfois elle oubliait que Morelia l’accompagnait, mais peut-être était-ce par sa présence que la jeune fille n’hésitait pas à sortir ce genre de phrases de sa bouche…

lyrics by ellie goulding / unknown@tumblr

'Cause you can fall if you want to, it's just a matter of how far. You've treasured your home town, but you've forgotten where you are. And it will stay with you 'til you're mind's been found, and it has been found wondering around.

Lorsqu'elle était partie, Morelia avait tout laissé derrière elle, sa ville natale, sa famille, ses amis, tous ses proches qu'elle chérissait plus que tout. Elle avait plongé dans l'inconnu en allant se réfugier chez une tante qu'elle n'avait vu que très peu de fois dans sa vie lors d'exceptionnelles réunions de famille. Ces deux ans de solitude avaient été difficiles pour la jeune femme malgré son besoin de se reconstruire, tout de Sailbrooks lui manquait. La jeune femme n'était pas une personne qui aimait la solitude, elle était la première à inviter tout le monde chez elle pour partager un repas convivial. Elle avait toujours été proche de sa famille et les appelait régulièrement pour prendre de leurs nouvelles. Elle et sa cousine Daphne étaient comme les deux doigts de la main et Daphne avait développé la même bouche de matelot que Morelia ce que la dernière regrettait un peu n'étant pas le meilleur exemple en ce qui concerne l'éloquence. Leur activité favorite était d'aller s'amuser ensemble, ensemble elles étaient les deux petits démons de la famille. Surtout que depuis que Daphne avait atteint la majorité légale, elle avait pressé sa cousine pour aller célébrer cela ensemble en plus de son retour. Une idée qui n'avait pas emballé Morelia au départ puisqu'elle avait cette crainte de perdre le contrôle et de blesser quelqu'un. Cette pensée la hantait et la paralysait car elle savait ce qu'elle pouvait affliger à un homme. Son maudit don l'avait poussé à se tenir éloigner des gens ce qui ne lui ressemblait pas du tout étant de nature très chaleureuse. Mais, elle ne pouvait rien refuser à sa cousine d'autant plus qu'elle ne voulait pas que l'on se soupçonne de quelque chose ou que les gens pensent qu'elle soit encore déprimée. De toute façon, elle avait bien besoin de se défouler et de ne plus penser à ses problèmes. Lorsque Morelia arriva au Seagull vers minuit et demi, Daphne avait déjà bien profité de sa soirée. La jeune fille avait clairement déjà quelques verres dans le nez au vu de sa dés-inhibition et de l'énergie affolante avec laquelle elle salua sa cousine. Morelia ne lui fit aucune remarque, elle n'était pas là pour materner Daphne puis elle savait ce que c'était d'avoir 21 ans et toute la vie devant soit. Oh ce qu'elle aimerait remonter le temps elle aussi, le temps de l'insouciance, le temps où tous ces problèmes n'existaient pas. Au moins ce soir, elle s'accorderait un break de tout ça et redeviendrait elle aussi légère et un peu folle. Elle se joint à la foule pour se laisser emporter par le rythme frénétique de la musique trop forte dans ses oreilles. C'était tellement délicieux de laisser son corps l'emporter sur le cerveau embrouillé par l'alcool et l'adrénaline. Elle aurait voulu rester dans cet état inconscient jusqu'au petit matin, mais sa malédiction la rattrapa bien trop vite. Alors qu'elle se déhanchait de manière sensuelle oubliant son pouvoir d'attraction, elle sentit des mains se poser sur ses hanches et un souffle chaud dans son cou. Ses réflexes resurgirent d'un coup et elle saisit les poignets étrangers pour les éloigner loin d'elle avant de se retourner pour faire face à l'inconnu. « Dégages connard ! » Celui-ci sembla surprit de la réaction de la brune, mais décampa rapidement face au regard noir de celle-ci. Morelia déglutit et ferma les yeux un instant pour se calmer. Des sueurs froides avaient parcouru son corps et ses mains tremblaient. Elle repensa tout de suite à Jake ce qui lui donna envie d'avaler le verre d'alcool le plus proche. L'accident de deux ans ne pouvait pas se reproduire, ne cessait-elle de se répéter. Après être revenu à un état plutôt serein, ses yeux cherchèrent la silhouette de Daphne mais avec le peu de lumière il était difficile de distinguer quoi que ce soit. Puis elle entendit la voix sévère du barman qui demandait à sa cousine de descendre du bar. Morelia se précipita pour l'aider remarquant son état très éméché. Sa cousine tituba vers elle et attrapa son poignet comme on agrippe une bouée de sauvetage. C'est à ce moment où la brune commença à s'inquiéter sérieusement, elle n'avait jamais vu Daphne si hors de contrôle. Alors qu'elles se dirigeaient vers la terrasse, celle-ci se mit à crier après un jeune homme qui lui avait galamment proposé un verre. Morelia saisit son épaule pour la rapprocher d'elle. « Calme-toi Daph. Viens t'asseoir sur les fauteuils. » lui dit-elle d'une voix rassurante. Il y avait tant de colère en la jeune fille, elle ne comprenait pas d'où cela pouvait venir. « C'est sûr que boire de l'alcool, ça ne te sert à rien. Si tu crois noyer ta souffrance dedans, tu te trompes. » Une remarque quelque peu hypocrite puisque c'était ce qu'était venu chercher Morelia ce soir, mais elle avait un plus grand contrôle d'elle-même dû à sa maturité. Maturité qui lui donnait la responsabilité de prendre soin de sa cousine. L'amusement était fini pour ce soir, Daphne en avait trop abusé et elle en payait désormais les conséquences. Le barman de tout à l'heure était venu voir l'état de la demoiselle. Il avait apporté une bouteille d'eau que Morelia accepta tout en le remerciant par un sourire. « Tiens, boit plutôt de l'eau. Ça te fera du bien. » Daphne quant à elle continuait de balbutier des choses insensées se livrant sans retenue à cause de l'alcool ingurgité. “Cette merde me rendra folle, plus folle que maintenant surement. Qu’est-ce qui m’arrive?” Cette merde ? Morelia ne comprenait pas tout. Peut-être que la jeune fille parlait de la perte de son frère, après tout on ne se remettait jamais vraiment de ces choses. La jeune femme pouvait comprendre cela mieux que quiconque. « Qu'est-ce qui se passe ? Tu sais que tu peux me parler. » demanda-t-elle inquiète en plaçant une main réconfortante sur la nuque de Daphne.

Parmi les gens qu’elle avait croisé ce soir là, il se pouvait qu’elle ai été vue par de nombreuses personnes familières. Dans ces moments là, elle ne faisait plus la différence entre ceux qu’elle connaissait et ceux dont elle ignorait l’existence. En vérité elle se fichait pas mal de ce que l’on pouvait penser d’elle. Peu importait. Elle n’a jamais été égoïste au point de lui attribué ce trait de caractère. Certes oui, quelque fois il faut savoir l’être, il faut savoir montrer que l’on est assez fort pour s’occuper de soi avant les autres. Sinon, on n’en sera jamais récompensé. Trop de gens se sont fait rouler dans la boue à force de toujours aider les autres, ils finissent au fond du ravin, sans personnes pour les aider à se relever. Ben voilà, Daphne n’avait pas peur de penser à elle. Sauf que ce soir, elle n’avait pas vraiment pris cette leçon dans le bon sens, elle pensait qu’à sa gueule pour le coup, s’amuser - elle - les autres? Rien à faire, sauf Morelia bien évidemment, qui elle, l’aidait justement à se relever de tout ça. Les gens la regardait, agacés de voir une jeune fille dans son genre dans un état peu convenable à une heure encore trop peu tardive. Assise à l’extérieur, elle pris le verre d’eau que sa cousine lui tendit. Elle regarda ce qu’elle avait en face des yeux et des larmes commencèrent à tomber. “… Qu’est-ce qui m’arrive?” Morelia semblait inquiète de voir Daphne comme ceci. De manière générale, il était rare que la jeune fille se mette dans de tels états. Elle n’était pas du genre à exposer ses émotions en public. Certes, ce soir elle était venue seule, attendant ‘sagement’ sa cousine, mais elle n’était pas non plus entrée dans un bar d’inconnu, au contraire même. Morelia fit comprendre à Daphne qu’elle serait à l’écoute pour elle. Elle ne se sentait pas vraiment de parler de tout ça, c’était encore étrange à évoquer selon elle. “L’eau ne va rien me faire Morelia… Tu pourrais pas comprendre si je te dis ça, l’eau…” Elle se leva, chercha sauvagement dans le fond de son sac une cigarette et l’alluma avec une boite d’allumette qu’elle trouva par hasard. “Je n’ai jamais soif. Ca me fait que dalle.”

Daphne était en quelque sorte la petite soeur que Morelia n'avait jamais eu. Elle avait tant détestée être une fille unique pendant son enfance suppliant ses parents pour un petit frère ou soeur. Jusqu'à ses treize ans, elle avait espéré priant même le soir avant de s'endormir, mais jamais son souhait ne s'était exhaussé. Ce besoin d'être entourée, d'avoir beaucoup d'amis, Morelia l'avait développé pour combler ce manque qui l'avait suivi pendant longtemps. Et malgré le grand nombre de cousins qu'elle avait, il y avait toujours eu cette connexion avec Daphne. Là voir dans cet état là ce soir, la faisait sentir coupable. Coupable d'être partie comme une voleuse, égoïstement et de n'avoir pensé qu'à elle. Sa cousine avait perdu son frère et elle n'avait pas été là pour la soutenir. Elle aurait dû, mais elle n'avait pas les épaules assez solides à l'époque. Elle était en miette, tout était à reconstruire et elle se reconstruisait encore aujourd'hui. Mais maintenant, elle ne fuyait plus, non, elle affrontait les choses et c'est ce qu'elle allait faire ce soir. Morelia écoutait attentivement Daphne pensant que son problème venait du décès de son frère, mais lorsque la dernière lui annonça la chose qui la mettait dans cet état, Morelia ne pu s'empêcher de rester stupéfaite face à la révélation. “Je n’ai jamais soif. Ca me fait que dalle.” *Are you fucking kidding me ?!* pensa la jeune femme. Tout le monde ici était tarés ou quoi ? Entre la sorcière, elle qui était, en gros, capable de tuer quelqu'un sans savoir comment et maintenant sa cousine qui ne sentait pas l'eau, elle croyait rêver ? Était-ce un cauchemars ? Malheureusement non. Elle attrapa une cigarette à son tour ressentant le besoin de cette toxine dans son corps. Tandis qu'elle profitait de cette pause clope pour remettre ses idées au clair, elle ne pouvait pas chasser cette idée de malédiction de sa tête. Elle avait beau se dire que c'était complètement fou, elle était devenue convaincue que ses problèmes venaient de cette fichue malédiction. Elle n'en avait parlé à personne mis à part lors de sa visite à Meena - la sorcière et elle n'avait pas été bien reçue. Mais, la question lui brûlait les lèvres et elle ne pu s'empêcher de se pencher vers Daphne pour lui confier sa théorie. « Tu…tu parles de la malédiction, c'est ça…? Je suis presque certaine que c'est cette merde qui provoque ces choses étranges. » dit-elle à voix basse hésitante quant à la réaction de Daphne. Elles avaient beau tout se dire, elle avait peur d'être jugée et de devenir la paria de la ville. Déjà qu'on se rappelait d'elle pour le sinistre décès de son ex, elle ne voulait qu'on la prenne pour une folle qui a perdu la tête.