how long must you pay for it? (meena)

lyrics by coldplay / unknown@tumblr

In my place, in my place. Were lines that I couldn't change. I was scared, I was scared.

Après la perte de son petit-ami, Morelia chercha à faire le deuil loin de tout. C'était une fuite pour masquer le coeur brisé qu'avait laissé ce tragique accident. Son père l'avait encouragée dans ce départ pour la protéger des autres habitants et des souvenirs douloureux que Sailbrooks représentaient à l'époque. Elle comprendra bien plus tard, qu'il voulait la protéger d'elle-même. Elle était donc partie loin de tout chez une tante en Floride puisque le soleil est apparemment bon pour le moral. Et malgré le beau temps permanent là-bas, elle traversa une longue phase de dépression où elle fut en déni face à la vérité. Puis celle-ci la rattrapa, elle sentait cette horrible culpabilité au fond d'elle comme une ombre qui la suivait tous les jours. Elle faisait des cauchemars où elle se transformait en monstre et tuait Jake. Tuer l'homme qu'elle aimait, cela paraissait fou et pourtant tout commençait à faire sens dans sa tête. Sa perte de conscience, le sang sur ses mains… Après des mois de cauchemar incessants, elle en vint à la sordide conclusion, qu'elle avait bel et bien tué son petit-ami. Qu'était-elle désormais ? Un monstre ? Et pourquoi elle ? Toutes ces questions la hantaient et elle avait besoin de réponses. Les monstres, ça n'existe que dans les contes pour enfants. Et les contes, ce n'était pas ce qui manquait à Sailbrooks. Pendant toute son enfance Morelia avait été bercée par les histoires effrayantes à propos de sorcellerie et de phénomène surnaturels. Avant l'accident, elle ne prêtait pas attention aux rumeurs car elle pensait que c'était la tradition de faire perdurer ces histoires pour garder l'image mystérieuse de la péninsule. Peut-être même pour que des personnes trop curieuses les laisse tranquille. Cependant, une histoire en particulier retint l'attention de Morelia et ce fut celle de la fameuse malédiction. Celle que les sorcières ont jeté sur Sailbrooks pour se venger de leur persécution. On raconte qu'à cette époque les habitants furent pris d'un mal qui leur procurait des capacités effrayantes et inhumaines. Inhumaine était le mot parfait pour décrire comment Morelia se sentait vis-à-vis d'elle-même. Et si…si…elle avait été maudite ? Mais par qui ? Rester en Floride n'arrangerait rien aux choses. Elle n'allait pas rester en deuil indéfiniment et elle devait tourner la page. Pour cela, elle avait besoin de réponses et de trouver la cause de tout ce qu'il lui arrivait. C'est pourquoi, elle décida de rentrer au bercail. Elle ne connaissait que Sailbrooks et ne se sentait bien que là-bas. La réponse à ses tourmentes se trouvait là-bas, elle en était sûre. Cela faisait quelques semaines qu'elle était de retour et n'avait parlé à personne de son don ou de la malédiction. C'est en se promenant seule à Sorwell Village un après-midi, qu'elle aperçut cette petit boutique au nom révélateur, Bewitched. Elle s'approcha de la vitre et colla son visage contre la glace pour observer l'intérieur. Dedans, ce trouvait un bric-à-brac d'objets entassés sur des étagères en bois. Elle distinguait des fioles aux couleurs étranges, beaucoup de bougies et des cristaux. En somme, tout ce qu'il fallait pour pratiquer de la sorcellerie. À cette pensée, son sang ne fit qu'un tour et elle se figea de stupeur. Les sorcières, dont on contait les histoires, leurs lignées avaient survécu et elles étaient bel et bien présentes à Sailbrooks. Pendant son enfance, Morelia connaissait une camarade nommée Meena Berberian. Les enfants étaient mesquins à son égard et effrayer par la petite. Ils l'encerclaient et la pointaient du doigt en criant: "la sorcière, la sorcière". Morelia n'avait jamais eu de méchanceté ou de peur à l'égard de Meena. D'ailleurs, la mère de cette dernière possédait une boutique d'ésotérisme. Elle pouvait parier qu'elle venait de tomber dessus. Meena avait sûrement fini par suivre la voie de sa mère. Peut-être même qu'elle avait voulu se venger et avait punie Morelia aussi. Sans vraiment y réfléchir, elle poussa la porte et s'avança vers le comptoir. Une dame proche de la cinquantaine l'accueillit avec un sourire auquel Morelia répondu par un regard froid et méfiant. Elle demanda distinctement « Pourrais-je m'entretenir avec Meena Berberian ? » Celle-ci fit un signe de tête approbateur et dévisagea quelque peu Morelia. « Je vais la chercher. » Elle se dirigea vers une pièce arrière *où elles doivent pratiquer leurs rites malsains* pensa Morelia. Quelques minutes plus tard, Meena ressorti de la pièce. Elle avait cette beauté atypique et cet air froid qui pouvait déstabiliser. Cependant, Morelia n'était pas impressionnée du tout, elle était plutôt agacée même et ne mâcherait pas ses mots avec la jeune-femme. « C'est toi la sorcière ? » lui dit-elle d'un ton accusateur.

Inventaire. Liste exhaustive d'entités considérées comme un patrimoine matériel ou une somme de biens afin d'en faciliter l'évaluation ou la gestion. La journée de Meena était déjà toute tracée. Rien de mieux pour remettre à flot le stock que de faire une vérification de tout ce qu'il restait. La jeune femme s'était levée de bonne heure pour s'y atteler, laissant son amour profiter du lit après sa nuit de garde, après lui avoir déposer un baiser et fait couler du café pour son réveil. Elle habitait encore dans la maison familiale avec sa mère mais passait en réalité le plus clair de ses nuits chez Peio. Elle avançait dans l'aube, à travers les rues de Sailbrooks. Elle s'était sentie presque toute sa vie comme une exclue dans sa ville qu'elle n'avait pourtant jamais quitté. Elle avait la sensation qu'elle ne se sentirait paradoxalement jamais chez elle ailleurs, malgré son envie d'évasion dans le vaste monde. Comme si quelque chose la rattacher indéniablement à cette terre, comme ci tant que certaines choses ne seraient pas réglé, elle ne pourrait s'en échapper. "Sorcière" diraient-ils tous. Elle avait entendu ses mots tellement de fois depuis tellement longtemps, à croire que cela était devenu son second prénom. Sa ressemblance avec son aïeule n'aidait sans doute en rien. Pourtant, la jeune femme n'avait jamais compris pourquoi elle était la proie de tant de haine alors que sa soeur s'intégrait comme un rien. Mais elle en était heureuse, cela lui réchauffait le coeur de savoir que celle-ci n'avait pas à subir le même sort. L'inventaire fut plutôt fait rapidement au vu de l'organisation du magasin. La demi-journée fut suffisante; les philtres d'amour avaient eu la cote ses dernières semaines. Les quelques rayons de soleil et les chants des oiseaux avaient émoustillé les jeunes demoiselles en quête d'amour fusionnel. Mais si vous leur posez la question, toutes nieront être un jour entrée chez BeWitched, l'antre des sorcières!

L'inventaire étant terminé, elle passe quelques commandes puis voyant que ça ne se bousculait pas dans la boutique, elle laissa sa mère, Isabeth, gérer un petit peu puisqu'elle n'avait pour le moment aucune consultation. Meena s'installa alors dans l'arrière boutique où, depuis plusieurs années déjà, elle s'était aménagée un petit atelier de peinture. Elle enfila sa blouse par dessus son t-shirt rose poudré et son jean délavé, sans oublier sa petite paire d'escarpin pour remonter son petit mètre cinquante-sept. L'artiste entama une nouvelle toile. D'humeur plutôt douce, d'un geste tendre, elle faisait glisser le pinceau sur le blanc immaculé. Des formes se créaient au fur et à mesure de ses gestes assurés. L'image se constituait. Les formes devenaient des choses distinctes, les couleurs s'harmonisaient, la peinture prenait vie. Son élan fut coupé par sa mère qui l'informa qu'une jeune femme demandait à lui parler. Elle posa alors ses outils, se lava du mieux qu'elle put les mains - ses heures répétées dans ses ateliers laissaient de temps à autre quelques taches incrustées - et retira sa blouse. La demoiselle sortit de l'arrière boutique pour se retrouver face à celle qui l'avait demandée. « Bonjour. Comment puis-je vous aider? », demanda-t-elle. Elle reconnaissait le visage de son interlocutrice, une très belle jeune femme, amie d'une de ces amies - Caileigh -. Elles n'avaient pourtant jamais pris le temps de se connaître toutes les deux, ni même de véritablement se parler lui semblait-il. En tout cas, elle connaissait son nom : Morelia Ginsberg. La réponse ne fut absolument pas celle à laquelle elle s'était attendue. « C'est toi la sorcière ? » Son léger sourire s'effaça immédiatement de son visage. Elle n'avait jamais fait parti de ses amis mais elle n'avait pas non plus souvenir qu'elle faisait partie de cette bande-là. Elle supportait les remarques des petits merdeux de la ville qui ne changerait jamais et ceux qui les suivaient; mais il lui avait toujours semblé que la brunette qui se tenait aujourd'hui face à elle avait plus de jugeote. Il semblait en réalité qui non. Son regard commençait à devenir noir, mais elle restait le plus calme possible. « Si, pour vous, une sorcière est une personne qui tient une boutique d'ésotérisme, alors oui, j'en suis une. Si au contraire, une sorcière est une personne maléfique qui use de magie noire, de sorcellerie, et fait des sacrifices la nuit dans la forêt, alors non, je n'en suis pas une » dit-elle posément. Elle marqua une petite pause; ses yeux devinrent noir tel un corbeau, son ton fut plus cassant.« En revanche, si vous ne changez pas de ton dans mon magasin. Si vous ne me respecter pas dans mon magasin, le son de sa voix montait crescendo, la sorcière en moi pourrait bien vous foudre dehors et qui saurait de quelle manière?! » Elle avait appris à assumer qu'on la nomme ainsi, mais sur son territoire, elle avait horreur qu'on lui crache ce mépris à la figure comme si elle était une moins que rien. Meena était restée plutôt calme, mais la tournure que prendrait les évènements pourrait bien changer la donne. Moralia avait maintenant les cartes en mains.